Le Grand débat national lancé le 15 janvier 2019. Deux mois pour recueillir les expressions personnelles des Français. L’occasion pour les personnes handicapées de se faire entendre ? Certains y croient, à condition que le dispositif soit accessible.
15 janvier 2019, à 15h, c’est l’ouverture officielle par Emmanuel Macron du Grand débat national qui est né après la contestation des Gilets jaunes. Une réponse du gouvernement à ce mouvement contestataire qui submerge la France depuis des semaines. Pour y mettre fin, il entend donner la parole à tous les citoyens durant deux mois, jusqu’au 15 mars.
Des questions concrètes
L’occasion, pour les personnes handicapées, trop souvent en situation de vulnérabilité et de précarité, de donner, elles aussi, leur avis sur l’élaboration des politiques publiques qui les concernent. Quatre grands thèmes sont définis : transition écologique, fiscalité, services publics et débat démocratique. Les questions données en exemple par le chef de l’Etat dans la lettre qu’il a adressée à tous les Français se veulent parfois très concrètes : « Quelles évolutions souhaitez-vous pour rendre la participation citoyenne plus active, la démocratie plus participative ? », « Comment mieux organiser notre pacte social ? » ou « Comment mieux accompagner les Français dans leur vie quotidienne pour se loger, se déplacer, se chauffer ? ».
Appel aux personnes handicapées
« La participation de toutes et tous est demandée pour que des solutions, des propositions réalistes, pragmatiques émergent de ce grand débat », analyse Matthieu Annereau, président de l’APHPP (Association pour la prise en compte du handicap dans les politiques publiques et privées), qui œuvre pour « placer le handicap au cœur du débat politique et économique ». Ce député suppléant de la députée En Marche de Loire-Atlantique, lui-même aveugle, appelle les personnes handicapées à « participer à ce grand débat afin de l’enrichir de leur vécu, de leur regard singulier sur ces sujets de société ». Selon lui, « nous ne pourrons faire sans elles : elles sont une chance et apportent une contribution positive aux consultations citoyennes, dans une perspective d’inclusion pleine et entière. » Il demande néanmoins à la Commission nationale du débat public (CNDP), en charge de l’organisation, de « vérifier et demander que les réunions, débats publics soient bien accessibles à tout type de handicap, de même pour les supports numériques envisagés ».
Comment s’exprimer ?
Le recueil des « expressions personnelles » -terme que le chef de l’Etat a préféré à celui de « doléances »- doit se faire par plusieurs biais. Tout d’abord en ligne via un site dédié granddebat.fr (en lien ci-dessous) qui doit ouvrir le 21 janvier 2019. Ceux qui souhaitent être prévenus de son lancement peuvent laisser leur adresse mail. Il est également possible d’envoyer un courrier à Mission grand débat national – 244 bd Saint-Germain, 75007 Paris. Des stands de proximité seront également installés dans des lieux de passage du quotidien.Déjà opérationnel -nous l’avons testé, avec de vrais gens au bout du fil et pas d’attente-, un numéro a été mis en place (0 800 97 11 11) qui informe sur les démarches à suivre.
Pour que personne ne soit exclu
L’exécutif assure que tous les moyens doivent être mis en œuvre pour faire remonter la parole des Français et faire en sorte que « personne ne soit exclu du débat ». Emmanuel Macron prévoit d’entreprendre lui-même des déplacements dans plusieurs communes pour recueillir la parole des citoyens. Il compte sur la collaboration des maires. Des cahiers sont ainsi mis en place depuis le mois de décembre mais seulement dans une mairie sur neuf. Les lieux de débats seront par ailleurs dévoilés prochainement, fixés par les maires et tous ceux qui souhaitent s’impliquer dans leur ville, leur association, leur région… A ce titre, la CNDP a rédigé un kit méthodologique pour faciliter leur organisation. Enfin, à partir du 1er mars, des conférences de citoyens tirés au sort seront mises en place dans chaque région pour échanger sur les analyses et propositions issues des différents débats.
Quel objectif ?
Le gouvernement assure qu’une « analyse approfondie à la fois quantitative et qualitative » sera faite qui permettra de « nourrir une restitution », avec l’objectif de « forger un nouveau pacte économique, social et environnemental et de structurer l’action du Gouvernement et du Parlement dans les prochains mois ». La secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique, Emmanuelle Wargon, et le ministre des Collectivités territoriales, Sébastien Lecornu, ont été choisis pour piloter cette initiative.